Le théâtre au Moyen Âge

Publié le : 04 juin 202119 mins de lecture

Avec l’effondrement de l’Empire romain, le bâtiment du théâtre disparaît : au Moyen-Âge, en effet, il n’existe pas de structure ad hoc pour les activités liées au spectacle, contrairement à ce qui se passe dans le théâtre grec et romain. La scaena frons et la scène, que l’on trouve au contraire dans le théâtre romain, disparaît.

Au Moyen-Âge, l’espace enveloppe le spectateur, donnant naissance à une nouvelle relation entre ceux qui agissent sur la scène et le spectateur. Précisément en raison de l’absence de structure théâtrale, le spectacle se déroule dans des lieux publics, tels que l’église, la place et la rue ou dans des lieux privés comme les oratoires, les salles aristocratiques. Avec l’avènement du christianisme, ce qui représentait la sphère théâtrale est devenu un lieu de péché ; pour cette raison même, les théâtres ont été abandonnés ou utilisés comme des maisons privées. En bref, cette idée raffinée et complexe du théâtre du monde classique disparaît : Eschyle, Sophocle et Euripide, condamnés parce qu’ils n’étaient pas chrétiens, alors que le théâtre romain était considéré comme une source de péché. Sous le règne du roi Théodoric, les ludi ont été restaurés, les anciens bâtiments ont été remis en état et les compétitions telles que les courses de chars ont été encouragées. Avec la domination lombarde, au contraire, les jeux équestres, les fausses batailles, les tournois et les joutes typiques de la période féodale ont été restaurés.

Les politiques de représentation visuelle du pouvoir à travers les monuments de Paris à la fin du Moyen Âge ont attiré l’attention des chercheurs dans les dernières décennies. La plupart des études se sont portées sur la simple apparence de constructions comme le Palais de la Cité ou encore le Château du Louvre. Leurs structures architecturales et leurs éléments formels ont été interprétés comme des expressions authentiques du pouvoir royal et comme des signes architectoniques permettant de rendre visible la royauté. Dans la mesure où les bâtiments pris en considération ont été détruits, ces interprétations iconographiques reposent sur des sources qui sont elles-mêmes problématiques. Comme le montre cet article, les représentations contemporaines des résidences royales comme celles qu’on trouve dans les miniatures des fameuses « Très Riches Heures du duc de Berry » sont une base douteuse pour reconstituer des monuments disparus et leur signification formelle, en raison de la variabilité et des discordances qu’elles présentent.

Depuis le XIXe siècle, la question dont la fortune a été la plus durable, dans le domaine français, est celle de l’organisation scénographique des représentations. Le débat fut enclenché en 1855 lors d’une célèbre leçon de Paulin Paris au Collège de France 20 qui concernait les grandes représentations de mystères, dont le mot même enflammait les imaginations 21. L’ouvrage que Gustave Cohen consacra à la mise en scène du théâtre religieux, traduit en plusieurs langues, a surtout déterminé l’image de la scénographie médiévale – et inspiré des poètes, des librettistes, des metteurs en scène 22. Le débat s’est prolongé jusqu’à deux grandes thèses, contemporaines l’une de l’autre : l’une eut le mérite de faire rentrer cette problématique dans la perspective d’une symbolique spatio-temporelle (Henri Rey-Flaud), et l’autre, de poser la question du statut des mystères dans l’espace public urbain (Elie Konigson). Au Moyen âge, on entendait par le mot « comédie » toutes les farces, sotties, moralités et autres jeux théâtraux à dénouement heureux : c’est sous cette appellation qu’ils seront tous interdits par édit du Parlement de Paris de 1588 à 1594, marquant la fin du théâtre médiéval.

Le bouffon

La figure du bouffon est fondamentale à l’époque médiévale. Le bouffon représente un être « multiple » qui comprend l’acteur, le poète, l’acrobate, l’amuseur de la cour, le bouffon carré, le musicien, le chanteur d’actes, le maître des danses. En bref, il incarne la vieille figure de l’acteur romain tardif. Les bouffons, nomades et voyageurs, sont aussi appelés hystériques, saltatores, mimes, joculateurs. Ils portaient des costumes moulants, qui mettaient en valeur les parties du corps : cela a provoqué la condamnation de l’église, source de scandale et de honte. Le temps du théâtre est devenu celui de la fête civique ou religieuse ou privée. Leur lieu de représentation est devenu les festivités privées, les cours devant les tables de jeu. Il y a une théâtralité généralisée, liée précisément au groupe de personnes qui se consacrent au spectacle. Il s’agit de mimes, d’histrionics, de jongleurs, de musiciens, de danseurs, de poètes. Forcés d’errer et de vivre dans la pauvreté, ils sont donc associés aux mendiants et aux criminels.

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Le carnaval

Le carnaval devient le cadre typique du bouffon. Ainsi, la culture du carnaval qui coexiste avec la tradition ecclésiastique, qui tente d’entraver l’entrée du bouffon dans sa sphère, s’insinue. Les événements du carnaval particulièrement suivis par le peuple sont les Libertates decembris, aussi appelés les fêtes des innocents ou des fous ou des enfants, et la Cornomannie. En Orient, il existe un spectacle byzantin très répandu, composé de théâtres et d’arènes. Avec Justinien, les villes de Byzance et d’Alexandrie fourmillent de spectacles et de jeux, notamment à l’Hippodrome, une grande arène de 500 mètres qui accueille une trentaine de milliers de personnes, elle reste ouverte toute la journée avec un riche programme tant le matin que l’après-midi, composé de courses de chars, de jongleurs, d’acrobates et de mimes. Les spectacles ont été offerts gratuitement au public.

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L’Église et le théâtre au Moyen Âge

Histoire. Le théâtre fut un art important pendant tout le Moyen Âge, mais peu de traces nous en sont restées, les textes étant peu (et mal) édités et les équipements éphémères. Il fut notamment illustré par des genres souvent reliés à un ton (comique ou solennel) et un registre (religieux ou profane) particulier.

Les protagonistes des théâtres étaient les mimes avec des comédies de bouffons, avec des sketches obscènes, des danseurs et des jongleurs. Spectaculaire activité byzantine mal vue par l’église, qui a procédé à une condamnation totale du théâtre et du show-business dans les territoires de l’Empire romain d’Occident. Il était donc absolument interdit de donner des espaces de culte au théâtre et aussi d’assister à des manifestations théâtrales considérées comme corruptives. Les représentations sont considérées comme l’instrument des empereurs romains, les païens, pour le contrôle du pouvoir, un spectacle fait de scènes violentes à fort impact émotionnel. Un auteur qui lutte contre le spectacle et le théâtre comme forme de divertissement est Tertullien, avec le texte De spectaculis (IIe siècle après J.-C.).

Il faudra attendre les Ve et VIe siècles pour que les choses commencent à changer. En fait, c’est à cette époque que l’on commence à voir les premières manifestations d’acceptation et de réception du spectacle à l’intérieur des églises. Alors qu’au XIIe siècle, le drame liturgique s’affirmait et que l’on reconnaissait les festivités qui se déroulaient déjà dans les églises, comme par exemple la fête des Innocents, la fête du Corpus Christi. Le lieu où se déroule une action théâtrale, un épisode de drame sacré, est appelé locus, manoir ou maison. Sa forme varie : un autel, un trône, le Mont du Calvaire, le Paradis, a toujours une signification symbolique. Les représentations ont plus de lieux représentés dans l’histoire et le lieu utilisé pour l’histoire implique le public autour de lui. Les acteurs se produisent à l’intérieur ou au-dessus du lieu représenté et également dans la zone adjacente. L’église commence à admettre la présence du bouffon dans les lieux sacrés, tant qu’elle est sous le contrôle des ecclésiastiques. Au début, ce sont les moines ou les ecclésiastiques qui agissent à l’intérieur des églises, plus tard, des laïcs appartenant à des confréries ou à des communautés autour des églises seront également admis.

Les origines du théâtre religieux remontent aux offices liturgiques et aux fêtes des saints. La foi s’extériorise dans les cérémonies religieuses : pour les grandes fêtes, le culte est illustré par des scènes de l’Ancien ou du Nouveau Testament, en latin et en prose d’abord, plus tard en français et en vers. Ainsi le peuple participe d’une façon plus active. L’illustration des événements religieux devient un spectacle de plus en plus grandiose au point même de troubler l’office de sorte que le clergé le fait représenter sous le porche de l’église ou sur la place publique.

Les acteurs, d’abord prêtres ou clercs, ont plus tard été remplacés par des laïques. La plus ancienne représentation est le Jeu d’Adam, un jeu semi-liturgique du XIIème siècle, qui se rapporte au mystère de la Rédemption et retrace toute l’histoire de l’humanité depuis le crime de Caïn jusqu’à la venue du Christ. On distingue encore les représentations des miracles (XIII-XIVème siècle) qui exploitent les vies des saints ou des aventures dans lesquelles interviennent des saints ou des saintes. Le miracle de Théophile de Rutebeuf (XIIème siècle). Le miracle de Notre-Dame (XIVème siècle). Les mystères sont les grands drames liturgiques du XVème siècle. Ils mettent en scène un événement de la vie du Christ. Tous les lieux de l’action sont représentés sur le théâtre. Ils se jouent en plusieurs jours et ont besoin de centaines d’acteurs. En 1540, le Parlement abolit les mystères : “Ils mélangent trop le profane et le sacré”. L’Eglise se sépare du peuple. Le mystère de la Passion d’Arnould Gréban (45.000 vers, 400 personnages, représenté en 4 jours !).

Parallèlement au théâtre religieux s’est développé le théâtre comique. C’est un théâtre comique qui sert à faire rire les gens pour les divertir. Dans les villes du nord de la France, le théâtre profane est apparu vers le XIIe siècle. Citons au XIIème siècle : Le Jeu de la Feuillée et Robin et Marion d’Adam de la Halle. La moralité est une pièce à intention moralisatrice aux personnages souvent allégoriques. La sottie est une sorte de revue satirique. Elle se met parfois au service des idées politiques du temps. Le jeu du Prince des Sots de Gringoire où l’auteur attaque la prétention du pape Jules II de faire la guerre à Louis XII, roi de France.

La Farce de Maître Pathelin (ou La Farce de Maître Pierre Pathelin, La Farce de Pathelin, Farce Maître Pierre Pathelin) est une pièce de théâtre (du genre de la farce) composée à la fin du Moyen Âge, vers 1456-1460. La 1re édition imprimée est datable de 1485.

Il Quem queritis

La première forme de cérémonie liturgique est le Quem queritis qui remonte à 930 et qui est exécuté au monastère bénédictin de Fleury par l’abbé Oddone de Cluny. Un mot qui signifie en latin « Qui cherchez-vous ? Il s’agit d’un dialogue chanté entre les Maries (Marie et Marie-Madeleine) et l’ange du tombeau de Jésus-Christ. De là naît une série de dialogues religieux qui donnent lieu à des formes de spectacularité au sein du lieu religieux. Les moines, plutôt que de jouer, chantent en grégorien et en latin.

Le drame liturgique

Le drame liturgique représente un produit élitiste et étudié pour la communauté ecclésiastique : cela signifie qu’il n’y a pas de public. La scène se déroule dans un espace à l’intérieur de l’église rattaché au monastère et des éléments fondamentaux de l’église tels que l’autel, la crypte, le chœur, le ciboire, l’atrium et le portail sont utilisés. Tous les lieux qui deviennent des députés pour l’action scénique. L’autel est orienté vers l’est, le Soleil est né à l’est, l’autel prend donc le sens de naissance spirituelle, de naissance du Christ, de révolution chrétienne. Devant l’autel se trouvent l’atrium et le portail d’entrée de l’église, un lieu d’où l’homme entre encore chargé de ses péchés ; d’où la signification attribuée à l’atrium et au portail d’entrée qui représentent l’enfer, le lieu terrestre, le lieu des pécheurs. Il s’ensuit que le voyage que l’homme fait pour atteindre l’autel est celui qui lui permet de laver ses péchés afin de renaître à une nouvelle vie.

Il y avait une tribune pour l’empereur, placée au-dessus du portail d’entrée, d’où il pouvait suivre la messe mais aussi la représentation du drame liturgique. À l’est se trouve également le maître-autel, au-dessus de la crypte. Cet autel symbolise la grotte sacrée où la naissance de Jésus a eu lieu. Et encore : l’endroit de la crypte où le Christ a été enterré. Le spectacle prend bientôt un sens en tant qu’instrument de christianisation du peuple de Dieu. Il faut attendre les XIIe (1100) et XIIIe (1200) siècles pour percevoir de grands changements et de nouvelles formes de rituels. Le spectacle fait désormais partie d’un projet éducatif destiné à un nouveau public composé de fidèles, et non plus seulement d’hommes d’église. Le lieu où se déploie le drame liturgique est la cathédrale, la dramaturgie prend des tons plus émouvants et plus réalistes, tandis que les acteurs sont toujours les clercs ; l’espace est également plus grand et est organisé par des députés. Parmi les drames liturgiques dont nous nous souvenons : Pérégrin et Annonciation.

Dans les années 1300, le drame sacré se répand dans la langue vernaculaire. En Italie est né le Mouvement Discipliné, qui est organisé en confréries consacrées à la pénitence et à la prière. Dans les laudari, les livres qui recueillent les nouvelles, ces émissions sont définies comme des formes de dévotion et de présentation du sentiment chrétien. Les principaux centres de diffusion sont Pérouse, Assise et Orvieto. À Florence, en 1400, la Représentation Sacrée, organisée par les écoles d’enfants, est représentée. En Europe, les représentations religieuses se répandent. Ainsi, en Angleterre, il y a les pièces miraculeuses, en Espagne les autos et en Italie la fête du Corpus Christi, qui a été instituée par le pape Urbain IV en 1264 et officialisée en 1311. Ce fut une grande procession qui impliqua toute la ville, des autorités ecclésiastiques aux autorités civiles, avec un spectacle en plein air qui, à travers la théâtralisation de l’exposition du corps du Christ, démontra la force et l’importance du sacrifice du Christ pour sauver l’homme. Le festival a eu lieu sur la place principale de la ville ou sur des scènes le long des places de la ville.

Pour faire face à ces grands événements spectaculaires sont les fraternités ou guildes, composées de laïcs, tandis que le clergé reste fondamental dans la phase de contrôle et d’autorisation des permis d’espace. En Angleterre, il y a le phénomène des pièces de moralité : ce sont des représentations nées comme des formes opposées entre des personnages allégoriques, le bien et le mal, la vie et la mort, le vice et la vertu. En Italie, par contre, est née la Lauda drammatica, un texte en vers qui est chanté et non récité. Il faudra attendre 1500 pour avoir une véritable récitation des textes, quand vous aurez aussi les premières manifestations de théâtre comique. Il s’agit d’une performance statique et essentielle, qui repose sur le geste et le chant. Des machines pour les vols angéliques ou les ascensions au ciel sont également utilisées. C’est au début du XVe siècle que l’ingéniosité, les machines scéniques présentes dans les drames liturgiques florentins, ont été utilisées.

Passion (XVe siècle) : la pièce a été montée avec une association savoyarde et des comédiens amateurs pour la semaine sainte et Pâques 2005 et 2006. Il s’agissait d’une démarche à visée culturelle et patrimoniale, voire documentaire, où le Moyen Âge est un appel à revenir aux sources de notre imaginaire scénique, littéraire, musical, voire pictural, à travers des documents originaux. Le texte avait subi des aménagements conséquents portant d’une part sur la durée de la représentation, d’autre part sur le nombre de personnages, et enfin sur la langue.

Les mystères étaient de pièces de théâtre représentées pendant le Moyen âge , et dont les sujets étaient empruntés à l’Ancien Testament et au Nouveau Testament , ou à la Vie des Saints .

La Renaissance est à la fois une période de l’histoire et un mouvement artistique. Elle voit progressivement le jour en Italie, aux XIVe et XVe siècles, puis dans toute l’Europe. Elle se termine vers la fin du XVIe siècle avec le maniérisme. Cette époque marque la fin du Moyen Âge et le début des Temps modernes.

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