Julien Gracq nous emporte ici dans une très belle promenade au bord de l’Evre, un affluent de la Loire auquel il est très attaché depuis son enfance. Descendant au bord d’une barque, Gracq nous invite à le suivre dans ce parcours où les paysages se multiplient dans toute leur diversité. Au fur et à mesure de la promenade sur l’eau, Gracq retrouve sous ses yeux des lieux qui l’enchantaient lorsqu’il était enfant. Il aperçoit, par exemple, depuis sa barque, un manoir qui l’a toujours charmé. (suite…)
Court récit autobiographique extrait de J’avoue que j’ai vécu, La solitude lumineuse permet à Neruda de nous livrer les souvenirs de ses années de consul à Colombo, Ceylan, Singapour puis Batavia. L’univers de Pablo Neruda est aussi coloré qu’un marché indien ; on voit clairement la sensibilité de l’écrivain, déjà (il a 23 ans à l’époque), pour les êtres et surtout les femmes, pour les rues et les enfants, pour les rites et les coutumes. Le poète apprend, observe, emmagasine les réflexions. (suite…)
Jean le Veinard est un conte malicieux et pour le moins singulier. Il suit une trame assez classique : la route du héros, Jean, qui rentre chez lui après avoir travaillé pendant 7 ans. Son maître l’a payé, pour ces années de service, d’un lingot d’or. Ce précieux trésor, Jean ne va pas s’embêter à le porter : il va successivement l’échanger, selon ses envies, contre un cheval, une vache, contre des outils, de la nourriture. (suite…)
Ce conte de Flaubert nous montre l’aliénation de Félicité, servante dont le nom en dit déjà beaucoup. Cette femme est un cœur simple, mène une vie simple mais dans une sorte de sainteté. Cette aliénation de Félicité est d’abord un dévouement sans limite puisque Félicité est la générosité par excellence. Domestique de Mme Aubain, elle accepte chaque besogne et ne s’en plaint jamais. Elle ressent une tendresse particulière à l’égard des deux enfants de sa maîtresse, Paul et Virginie. (suite…)
Dans ce conte philosophique écrit vers 1753, Voltaire s’inspire largement des déboires de son temps : omniprésence de la religion, exécutions publiques sanglantes, peur de la différence… Scarmentado, dans ce récit à la première personne, est un jeune homme envoyé à Rome à l’âge de 15 ans ; tout au long du récit, il fuit les différents pays qu’il visite. (suite…)
Si le titre de la nouvelle en dit déjà beaucoup de son contenu, la nouvelle n’en reste pas moins surprenante pour son lecteur. Katérina, nouvelle Lady Macbeth de la campagne russe, apparaît tout d’abord comme une femme qui s’ennuie. Délaissée par son mari marchand, elle décide de le tromper avec Serguéi, jeune bourreau des coeurs. Mais bientôt le beau-père de Katérina découvre l’adultère et souhaite dénoncer sa bru. (suite…)
Les Maximes de La Rochefoucauld apparaissent comme une oeuvre d’une extrême lucidité. Cherchant à révéler les véritables desseins qui gouvernent l’âme humaine, l’auteur découvre que l’amour-propre, ce monstre « inconstant d’inconstance » (première maxime supprimée), dirige l’homme, qui ne saurait se connaître véritablement dans la mesure où toute maîtrise parfaite de soi semble illusoire. (suite…)
Ce court texte de Samuel Beckett est bel et bien inclassable. Poétique à bien des égards, il malmène la structure romanesque et propose une expérience nouvelle et intéressante au lecteur. Récit très épuré d’un homme à la fin de sa vie, Soubresauts laisse entendre l’approche d’une nuit et d’une noirceur pour un homme enfermé dans un lieu clos qui est sur le point de « partir ». Ce qui frappe le lecteur, c’est la distance que le personnage parvient à établir entre lui et lui-même ; il s’observe de l’extérieur comme s’il se voyait mourir, comme s’il assistait au spectacle de sa propre déchéance. (suite…)
En lisant les Romances sans paroles de Verlaine, on ne peut que constater les liens avec l’impressionnisme dans la mesure où les paysages, bien plus nombreux dans ce recueil que dans les précédents, sont peints sous forme de touches. Le vague et le flou sont au rendez-vous et Verlaine cherche à saisir dans ses vers tous les éléments éphémères de la vie et des sentiments humains. (suite…)
Dans ses Fêtes galantes, Verlaine nous invite à un très beau dialogue entre les arts et plus précisément entre la poésie, le théâtre, la peinture et la musique. C’est tout un univers artistique qu’il reprend, qu’il retravaille et qu’il rend sensible à l’oreille. L’ambiance paraît d’abord festive : des Arlequins dansent, font des pirouettes, ils portent des masques. Le badinage du XVIIIe siècle de Watteau est au rendez-vous et les intrigues amoureuses, ces « heureux instants » évoqués dans « En patinant » ne manquent pas. (suite…)